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LA LEISHMANIOSE CANINE

étude réalisée par Joëlle Nambotin Gobbi après lecture de différentes thèses de l'ENV de Lyon

 

Largement répandue à travers le monde, les leishmanioses sont des zoonoses transmissibles résultant du parasitisme de l'hôte vertébré mammifère par un protozoaire flagellé appartenant au genre Leishmania. La médecine occidentale reconnaît ces affections depuis le 19ème siècle et reprend le non Sanskrit de «Kala-azar» qui désigne, en Inde, la leishmaniose viscérale. Le parasite lui-même n'est, en fait, découvert par Leishman à Londres puis simultanément par Donovan à Madras, qu'en 1903. En 19021, les frères Sergent, en Algérie, confirment expérimentalement le rôle d'un insecte piqueur : le phlébotome comme vecteur de la maladie.

Les leishmanioses apparaissent alors pleinement intégrées au milieu par un important complexe d'hôtes naturels, vecteurs et réservoirs. Elle suppose un mode de pensée à la fois original et rigoureux qui conduit, dans a compréhension des relations organismes/milieu, à toujours plus de précision et d'objectivité.

Ainsi conçue, la maladie perd son caractère artificiel pour s'intégrer aux écosystèmes. Dès lors, correctement placée dans la biosphère, la maladie apparaît et évolue dans les limites de ce qu'il est convenu d'appeler un foyer naturel d'infection, c'est à dire une aire géographique définie par un ensemble de paramètres bioclimatiques, géomorphologiques etc… La leishmaniose, affection humaine et animale peut être étudiée sous l'angle écologique et en tant que maladie transmissible à germe hétéroxène cette dernière s'y prête de façon particulière. Ici, l'agent pathogène circule au sein des biocénoses en occupant une série de biotopes hautement caractéristiques de ceux de leurs vecteurs, de leurs réservoirs vertébrées ainsi que de leurs stades libres lorsqu'ils existent.

On connaît depuis des années que les leishmanioses s'expriment de façon endémique au sein de grandes zones géographiques délimitées. Toutefois en marge des ces grands foyers apparaissent des micro foyers totalement nouveaux jusqu'alors ignorés.

La leishmaniose dans le monde

Largement répandue à a surface du globe, les leishmaniose ont une aire de répartition géographique couvrant la zone intertropicale avec un fort débordement dans les zones tempérées d'Afrique du Nord, d'Europe et d'Asie. L'OMS considère comme endémiques 85 pays (61 dans l'Ancien Monde et 21 dans le Nouveau Monde).

Pas moins de 30 entités appartenant au genre leishmania existe dans le monde. Ces affections sévissent dans des foyers endémiques, lorsque coexistent le mammifère réservoir et l'insecte vecteur, nécessaire au développement du protozoaire flagellé parasite. Les canidés ont une place prépondérante dans les foyers de leishmanioses de l'Ancien et du Nouveau Monde.

Si les canidés sauvages ont été infectés, le chien domestique intervient activement dans les cycles parasitaires en particulier dans les pays du bassin méditerranéen et du Moyen Orient.

La Leishmaniose en région méditerranéenne occidentale

Plusieurs formes cliniques de leishmanioses sévissent à des degrés divers dans tous les pays du bassin méditerranéen occidental. De nombreuses enquêtes menées en France, Italie, Espagne, Grèce, Algérie et bien entendu le Maroc ont permis de mieux connaître le rapport maladie/milieu et de définir ainsi la notion de «foyer naturel d'infection». Entité écologique définie par l'ensemble des variables : climat, sol, flore et faune constituant la zoonose correspondante en lui assurant se permanence dans une aire géographique déterminée. Dans le foyer, l'agent pathogène s'intègre aux écosystèmes en empruntant des circuits remarquablement précis. La chaîne de ses hôtes invertébrés/vertébrés (inclus l'homme) servent de relais au parasite au cours de son cycle.

Après de nombreuses enquêtes de terrains il a été possible d'établir que le maintien ou l'extension des leishmanioses dépend plus des populations de vecteurs que de celles des hôtes.

En France comme dans les pays limitrophes du sud de l'Europe, c'est la Leishmaniose à L. infantum qui sévit selon un mode enzootique.

Leishmanioses dans le Sud de la France

Rare il y a encore une vingtaine d'années, la leishmaniose est devenue une préoccupation constante des praticiens vétérinaires et médecins du sud de la France. Si, cependant la prévalence de la maladie de la leishmaniose canine reste largement supérieure à celle humaine, le nombre des cas tant humains que canins reste en constante augmentation.

Répartition géographique et importance

Elle est présente essentiellement dans deux foyers épidémiologiques distincts : le premier ce situe à l'Ouest du Rhône (région Languedoc Roussillon), l'autre à l'Est du Rhône (foyer provençal). Ces deux foyers ont naturellement tendance à se réunir dans le couloir rhodanien et à remonter jusqu'à l'agglomération lyonnaise, formant ainsi un vaste triangle Andorre Lyon Nice.

En marge de ces macro foyers, il ne faut pas négliger l'existence de foyers inhabituels ou micro foyers. Ceux-ci peuvent, en effet, apparaître en n'importe quelle région abritant le vecteur, c'est à dire en dessous du 50ème degré de latitude Nord (Ile de France), de fait de chiens contaminés lors d'un séjour en zone d'enzootie.

Les leishmanioses ne sont pas des maladies à déclarations obligatoires en France ce qui fait qu'il est difficile d'obtenir une évaluation correcte du nombre de cas sur le territoire national. Cependant les enquêtes réalisées localement nous permettent de mieux connaître l'importance sans cesse croissante de cette maladie.

L'agent pathogène

Les leishmanies sont des protozoaires de la classe des flagellés. Ce sont des parasites hétéroxènes à deux hôtes obligatoires. Ils sont transmis aux mammifères par les phlébotomes : cette double localisation (vertébré et arthropode) est associée à des caractères morphologiques et biologiques particuliers.

Chez les mammifères

Les parasites se présentent sous la forme ovoïde, immobiles d'une taille de 2 à 6microns de long. Après coloration en laboratoire on observe un cytoplasme bleuté et un kinétoplaste pourpre. Les leishmanies se multiplient par bipartition simple au sein des cellules dont elles provoquent la mort. Ainsi, libérées, elles vont parasiter d'autres cellules.

Les leishmanies ont la particularité fondamentale d'échapper aux systèmes de défense de l'organisme.

Chez le phlébotome,

Les leishmanies ont un aspect totalement différent la forme arrondie ingérée lors d'un repas sanguin va se transformer dans le tube digestif en forme allongée de 15 à 20 microns de long pourvu d'une flagelle lui assurant une mobilité. Les leishmanie ainsi formées vont alors remonter l'intestin moyen pour atteindre le pharynx elles prendront alors une forme courte et arrondie.

Métabolisme et nutrition

Le glucose est utilisé par les parasites comme source d'énergie métabolique. Étant donné sa taille et sa polarité, il peut passer à travers les membranes cellulaires par simple diffusion et nécessite donc des systèmes de transport spécifiques.

- Chez le vecteur : l'origine des sucres et glucose est fournis par les repas sanguins et par la sève des plantes dont se nourrit le phlébotome. Les stades parasitaires semblent nécessiter des sucres pour compléter leur développement jusqu'à leurs formes finales infestant. Les formes allongées métabolisent le glucose à un taux 10 fois supérieur à celui des formes rondes.

- Chez le vertébré : les formes arrondies ont au contraire des concentrations plus basses en glucose libre . En conséquence en réduisant leur consommation de sucre elles augmentent celle des acides gras.

Identification de l'agent pathogène

En France la parasite en cause dans les leishmanioses autochtones appartient au complexe de L.infantum. trente deux zymogènes ont été à ce jour identifiés au sein de ce complexe. Certains de ceux ci sont communs à l'homme et au chien. Ceci pose le problème soit d'un autre réservoir, soit de phénomènes de mutations ou d'échanges génétiques chez le vecteur ou chez l'homme. Ainsi au cœur du foyer des Alpes Maritimes sur 4800 chiens 23% des chiens étaient atteints.

Le renard est reconnu, lui aussi comme pouvant être le réservoir de leishmaniose. Une enquête réalisée dans les Cévennes fait ressortir que 2.5 % de la population vulpine était atteinte. A lui seul le renard pourrait maintenir l'endémie dans cette région. Cependant son importance au sein du cycle épidémiologique est difficile à établir. De même des cas de leishmaniose chez les rats n'est que fortuit voir accidentel.

Le chat, sans présenter des signes cliniques, peut être porteur de la maladie.

Les vecteurs

Adultes

Le phlébotome est un diptère nématocère appartenant à la famille des moustiques. C'est un insecte de coloration jaunâtre, terne, à thorax gibbeux. Ses ailes sont lancéolées, velues et abondamment nervurées. Il mesure environ 2 à 3 millimètres de long et n'est donc pas arrêté par les moustiquaires.

La tête fait un angle de 45° avec l'axe du thorax et est munie de deux yeux très noirs relativement grands, d'une paire d'antennes velues et très longues. A noter que latéralement des mâchoires les femelles sont seules porteuses d'une paire de mandibules.

Larves

Elles sont vermiformes, portent une paire d'antennes et de pièces buccales de types broyeur.

Nymphes

Elles portent à leur extrémité postérieure la dépouille du dernier stade larvaire, dont elles ne se dégagent pas complètement.

Déplacements

Le vol du phlébotome et parfaitement silencieux, il s'effectue par petits bonds mais peut également porter dur des distances assez grandes. Des études réalisées par capture/marquage/libération/recapture dans différents pays ont montré que la distance franchissable en vol varie selon l'espèce et le biotope. Dans les forêts néo tropicales la distance franchissable ne semble pas dépasser 200 mètres en revanche, dans les Cévennes le phlébotome parvient à franchir des distances de plus de deux kilomètres en quelques jours. Il s'agit surtout de femelles.

Leishmaniose Canine

Nous l'avons vu, la leishmaniose canine est particulièrement fréquente dans le sud de la France. Elle constitue d'ailleurs le principal réservoir de la maladie dans cette région. Ses manifestations cliniques sont beaucoup plus variables que chez l'homme, tant par l'évolution de la maladie que par sa symptomatologie.

Données cliniques

Les études sur la leishmaniose spontanée sont plus nombreuses les symptômes rencontrés sont cependant variés. En opposition à ce que l'on observe chez l'homme on a pu constater que la leishmaniose chez le chien était toujours cutanéo viscérale. Une étude montre que sur 104 cas suivis, 16.4 % des sujets n'ont présenté que des signes cutanés, 26 % que des signes viscéraux et donc que le tableau le plus classique associant les deux états cliniques n'ayant été observé que chez 57 % des cas. Cependant, même pour les chiens qui ne présentent que des signes cutanés, la leishmaniose est générale.

Il existe chez le chien une certaine variabilité génétique dans les manifestations cliniques de la maladie. Ainsi le Jag terrier présente souvent une symptomatologie déconcertante tandis que le Berger Allemand sera plus souvent sujet aux saignements de nez.

Symptômes généraux

Une hyperthermie modérée est parfois décelable, mais elle est transitoire et inconstante. L'abattement, en revanche, est quasi systématique. Au début elle se manifeste par une fatigue accrue, s'aggravant pour aboutir au cours de la maladie à une véritable prostration. De la même façon l'atrophie des muscles commencera souvent par les muscles des fosses temporales pour s'étendre progressivement à toutes les masses musculaires de l'animal. L'évolution aboutit inévitablement à un véritable état d'affaiblissement et d'amaigrissement extrême.

Symptômes cutanéo/muqueux

On observe des lésions cutanées ressemblant à celle de la leishmaniose humaine et appelées chancres d'inoculation. Ils sièges souvent sur la truffe, le chanfrein ou les pavillons auriculaires, donc dans des zones dépilées. Ils correspondraient au point d'inoculation des leishmanies par le phlébotome. Ces lésions apparaissent au moins trois mois après la piqûre et évoluent sur une période de six mois de la façon suivante :

- Érythème circulaire de 10 à 15 mm de diamètre

- Papule avec érosion centrale

 Lésion ulcéro croûteuse aboutissant à la disparition complète du chancre.

D'autre part, l'atteinte cutanée se traduit par une dépilation progressive. La perte du poil est diffuse, le pelage prend un aspect mité. Certaines parties du corps sont touchées préférentiellement : la tête, avec apparition de «lunettes», le cou, le poitrail, les articulations des membres. La peau est sèche, grise dans les cas avancés. De nombreuses squames de grandes tailles parsèment le corps du chien. La peau prend, progressivement un aspect cartonné. L'épaississement atteint surtout les lèvres, les paupières et le bord des oreilles. Cette hyperkératose peut aussi être très marquée au niveau des coussinets plantaires. La truffe est parfois fendillée. Sauf exception ou contamination bactérienne ou parasitaire, ces lésions cutanées ne sont pas prurigineuses. Fréquemment des ulcères apparaissent dans les zones de saillies osseuses, les régions inter digitées et la truffe, ils ne cicatrisent pas . La démarche peut être parfois gênée et devient souvent bruyante à cause des ongles excessivement développés. Lorsque les lésions sont plus discrètes la seule manifestation peut être des éternuements persistants.

La leishmaniose atteint d'autres tissus ou appareils

- une conjonctivite bilatérale

- une kérato uvéite

- une insuffisance rénale

- des atteintes ostéo articulaires

- des granulomes indolores palpables dans le tissu conjonctif sous-cutané

- des entérites diarrhéiques plus ou moins hémorragiques

- des colites chroniques

- des cas assez rares de péricardites et de parésie

c) Mise en évidence du parasite

5) techniques de prélèvement :

- les calques cutanés : on prélève un morceau de peau très superficiellement de manière à récupérer la lymphe dermique et les macrophages parasités.

- La ponction ganglionnaire, pratiquement indolore

- La ponction de moelle : c'est le prélèvement de choix en raison de la présence extrêmement fréquente du parasite dans ce tissu.

- Ponction de la rate : mais il y risque hémorragique

- Biopsie cutanée

3 - TRAITEMENTS

Il en existe de toutes sortes, seulement nous ne pouvons que «blanchir» la maladie. La guérison n'est pas encore atteinte.

Il suffirait cependant que les chercheurs se penchent un peu plus sur le problème pour que la solution soit trouvée.

Des études sérieuses permettrons à nous chercheurs de progresser rapidement.