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Un plagiat intelligent
Dieu seul sait que j’ai du mal à considérer comme « intelligent » un imitateur. Mais s’il est d’usage de considérer la copie comme étant un signe de reconnaissance de talent, celui qui copie n’est en fait qu’un être manquant totalement d’imagination.
Pourtant, dans l’éditorial de la « cynophilie française portant le numéro 137, Monsieur Arthus, président de la SCC a réactualisé l’éditorial de Didier Leportois (Club des exotiques) en changeant simplement le mot "oiseaux" par "chiens". Là, on s’aperçoit que la passion n’a pas de limite et qu’il faut des passionnés pour pérenniser et conserver à l’identique la richesse de notre patrimoine.
Dans l’absolu, c’est vrai ! Encore faut-il que ce ne soit pas qu’un maillon et que cette passion soit partagée par tous les acteurs, qu’ils soit éleveurs sélectionneurs, simples particuliers, clubs (pas toujours pris au sérieux) et les juges (attention aux "all rounders").
Je ne résiste pas au plaisir de retranscrire cet éditorial :
« La passion de l’élevage : Mais d’où vient cette folie ?
Car il faut être un peut fou pour d’engager sur la voie de l’élevage de sélection : consacrer de son temps quotidien sans faille et sans relâche à l’entretien de ses protégés qui ne connaissent ni dimanche ni jours fériés. Les nourrir, les abreuver, nettoyer, curer, désinfecter, surveiller et soigner jusqu’à parfois se relever la nuit. Les abriter des intempéries et les chauffer l’hiver, leur éviter la canicule l’été. Limiter les départs en vacances pour ne pas relâcher trop longtemps la surveillance. Leur consacrer le budget de ses loisirs. Subir parfois les foudres des voisins que les aboiements dérangent, encourir souvent (parfois jusqu’au divorce) la lassitude et l’incompréhension du conjoint. Sacrifier aux délices des arcanes administratifs et braver les épizooties.
Voilà, et j’en oublie, le calvaire de l’éleveur. Si de telles conditions d’exercice étaient imposées dans le cadre d’une activité professionnelle, nul doute que les candidatures ne seraient pas nombreuses et que les grèves y succèderaient aux mouvements syndicaux…
Et pourtant on voit l’amateur s’y complaire ; il déclare même volontiers au béotien incrédule que cette grande passion est le sel de sa vie… D’aucuns imagineront qu’il obtient un large retour financier qui le dédommage largement de ses efforts. Hélas, nul éleveur n’a jamais fait fortune et les rares chanceux dont la trésorerie se retrouve occasionnellement positive, réinvestissent leurs gains dans leur hobby…
Alors, qu’est ce qui fait courir nos éleveurs ?
Le hasard d’un coup de foudre souvent, une rencontre dans la nature ou dans une exposition avec une boule de poils, pas forcément la plus étonnante, mais celle dont un regard, une attitude, un trait de vivacité aura su enflammer son imagination ou exciter sa curiosité.
Viendra l’acquisition du premier sujet qui le fera entrer dans l’intimité de la gent canine et découvrir la vie sous des aspects qui échappent le plus souvent au commun des mortels. Il sera le témoin privilégié des premières reproductions qu’il aura su favoriser en bichonnant ses pensionnaires. Acteur et spectateur il aura participé au grand miracle de la Vie. Peu importent les efforts, les contraintes et les désillusions, le plus petit succès le pousse à aller vers le plus difficile.
Le long de sa route il va rencontrer les associations des amis tout aussi mordus que lui qui vont souvent devenir sa famille de cœur. Il va s’informer, se former, découvrir des champs de connaissances scientifiques qui lui étaient parfois totalement étrangers. Il va allier l’esprit et la main pour se mettre au service du Vivant et pourra prendre une part active à la préservation de certaines races.
L’éleveur amateur est un artisan de la Vie, il en a une connaissance pragmatique et juste, il sait s’impliquer, il a la passion du résultat, il est un vecteur du respect bien compris des espèces animales. Voilà qui vaut bien un grain de folie douce, sans doute !"
Pour une fois (et c’est rare) que je suis enfin d’accord avec la SCC, je ne rajouterai qu’une chose : « Pour le bien de notre patrimoine : Laissez les vivre ! »